Habiter une « société de l’écrit » ne signifie pas seulement que les rapports sociaux et l’organisation de la vie personnelle sont structurés par l’écrit, mais aussi que l’écrit est omniprésent dans l’environnement et que l’individu évolue dans des espaces saturés par une multiplicité d’écrits dont la production et la réception articulent les activités de la vie courante. On planifie par exemple ses déplacements en consultant des horaires de transports en commun sur des tableaux d’affichage ou en établissant des itinéraires sur des applications GPS ; on rédige une liste de courses pour guider son parcours de consommation dans des commerces signalés par des enseignes où les produits sont emballés et étiquetés ; on consigne ses actions ou ses pensées dans un journal intime ; on admire, on déplore ou on crée des graffitis sur les murs de sa ville.
Ce colloque portera ainsi sur les pratiques d’écriture et de lecture ordinaires qui intègrent les actions et activités de la vie courante pour interroger l’articulation entre ces écrits ordinaires et les actions et activités dans lesquelles ils s’inscrivent. Ces pratiques routinières (Garfinkel, 1964) seront envisagées sur les deux terrains du quotidien de l’individu : l’espace domestique et l’espace public, en particulier urbain.